Nous sommes heureuses de vous présenter notre nouveau partenaire, Pierre-Elie Carron, jeune vigneron de St-Pierre-de-Clages (VS). Issu d’une famille vigneronne, il a récemment repris les rênes du coteau familial et produit des vins d’une qualité exceptionnelle.
Nous l’avons rencontré dans sa cave et avons eu la chance de déguster en avant-première le millésime 2018 qui s’avère exceptionnel, réjouissez-vous 😉 Nous en avons profité pour lui poser quelques questions.
Raconte-nous ton parcours, pourquoi et comment exerces-tu ton métier ?
Je suis issu d’une famille de vignerons, mes deux grands-pères étaient vignerons, l’un avait une cave réputée dans la région. Mon père et ma mère ont toujours travaillé un domaine de 2-3 hectares à côté de leur travail respectif. Du coup, j’étais toujours dans les vignes, l’été pour donner un coup de main, aux vendanges pour gagner quelques petits sous… et l’hiver pour enlever les fils de fer qui servent à attacher les vignes en gobelet.
J’ai tout d’abord fait un apprentissage d’employé de commerce en fiduciaire pour me familiariser avec le côté administratif du métier, puis un apprentissage de viticulteur à Châteauneuf (CFC) et Changins (HES) pour devenir Œnologue. Ce que je cherchais surtout en faisant cette formation en œnologie, c’était d’apprendre comment les choses fonctionnent afin de comprendre pourquoi est-ce qu’on les fait.
Je fais ce métier parce que j’aime être proche de la nature, j’aime le côté très terre à terre de la vigne qui contraste avec le côté plutôt artistique de la cave. Dans mon métier, j’essaie de tendre le plus possible vers un respect de la nature et de l’humain. J’ai à cœur que mes ouvriers aient du plaisir à travailler avec moi.
Culture de la vigne, traitements, vinification, quels sont tes « principes » de travail?
Actuellement, je travaille la vigne de manière assez traditionnelle pour le Valais, c’est-à-dire en production intégrée. L’idée est de limiter au maximum les traitements et de les faire uniquement quand la pression est trop forte et avec les doses les plus faibles possible. Je souhaiterais aller encore plus loin en arrêtant les produits de synthèse et je compte le faire par étape à partir de l’année prochaine.
Pour la vinification, j’essaie le plus possible de laisser le raisin s’exprimer par lui-même, c’est pourquoi je fais uniquement des vins « mono-cépage ». J’estime qu’en sélectionnant les meilleurs raisins, le travail en cave consiste juste à un accompagnement de ce que la nature sait si bien faire. Bien sûr, je suis toujours là pour contrôler qu’elle ne dévie pas trop de la ligne idéale…
J’utilise aussi volontiers les barriques, car je trouve ce matériel très noble et il apporte tellement de complexité sur certains vins. J’utilise des barriques pour mon Pinot Noir, ma Syrah et mon Merlot. Dans un avenir proche, je compte aussi produire des blancs en barrique, un Viognier notamment.
Tes objectifs à moyen et long terme, quels sont-ils ?
L’objectif à long terme est de continuer à prendre du plaisir à créer des vins de passion. Trouver des clients qui sont proches de mes valeurs et qui comprennent ma démarche. Le but étant de valoriser au mieux mes produits pour ne pas avoir besoin de tendre vers une production de masse, mais toujours garder des produits d’exception.
A moyen terme, l’idée serait de mettre en valeur le « terroir » de Fully, dans la continuité de mon expérience au lac de Sorniot. Quelques surprises vont suivre…
Actuellement, je travaille en partie pour un autre domaine à côté de mon exploitation, j’aimerais à court-moyen terme vivre uniquement de ma production.
Parle nous de ce projet d’immersion de bouteilles dans le lac de Sorniot. Comment t’es venue cette idée et quel en est le but ?
L’idée de l’immersion des bouteilles de vin dans le Grand Lac de Sorniot à Fully est venue à la base de mon ami Alain Léger. Il m’a demandé si c’était possible d’immerger des bouteilles dans ce magnifique lac. Je lui ai répondu que si Vaudois le faisaient dans le lac Léman, du coup on devrait pouvoir le faire.
Œnologiquement parlant, il fallait encore trouver l’intérêt de cette expérience…Il existe plusieurs points d’intérêt :
- Protection de l’oxydation
- Les lacs de montagnes gèlent en hiver, il y a donc une variation de température de l’eau, ce qui aide à faire évoluer le vin.
- La pression peut avoir un effet positif dans la stabilisation du vin (celle-ci est différente en altitude qu’en plaine, mais également en profondeur qu’en surface).
Maintenant nous ne connaissons pas l’effet de la conjonction de tous ces facteurs, c’est pourquoi il y a une grosse part d’expérience dans ce projet.
Techniquement, nous avons porté, en haut (1h30 de marche) 42 bouteilles de Petite Arvine 2017. Elles sont plongées à environ 15 m de profondeur dans une caisse préalablement percée pour laisser l’eau circuler dans la caisse. L’idée c’est de les sortir l’année prochaine et de comparer le vin stocké normalement en plaine avec celui plongé dans le lac. Si c’est concluant les bouteilles seront vendues !
Ton cépage préféré?
Le Cornalin ! Magnifique cépage, tellement compliqué à travailler dans les vignes. Il demande tellement d’attention pour arriver à une production régulière chaque année. Une fois qu’on le maîtrise à la vigne, il s’exprime pleinement en cuve. Pour moi, ce cépage se suffit à lui-même, pas besoin de grand élevage en barriques pour qu’il s’exprime pleinement. Des arômes complexes de fruits confits et de cerise. En bouche, un vin riche, puissant et très expressif avec toujours une belle structure. Le Cornalin donne des vins au grand potentiel de vieillissement, mais toujours avec une belle « buvabilité » quand il est jeune. Enfin, c’est un cépage d’avenir, dans un contexte de changement climatique. Il ne nécessite que très peu d’eau pour se développer ainsi que les meilleures expositions du vignoble. J’estime qu’avec le réchauffement climatique, il trouvera de plus en plus de zones pour s’exprimer au mieux.
Ton « moment vin » préféré ?
Pour moi le meilleur « moment vin », c’est avec des amis à refaire le monde. Que ce soit dans un carnotzet, dans un bistrot, dans une cabane de montagne au coin du feu ou tout simplement à la table de la cuisine, ça reste toujours des moments qu’on se rappelle toute sa vie… C’est peut-être ça la magie du vin.
En tant que membre du Verre à Talon, vous bénéficiez de 10% sur l’assortiment de Pierre-Elie Carron sur présentation de votre carte de membre.
Nous sommes très heureuses de compter désormais Pierre-Elie parmi nos partenaires et organiserons prochainement une dégustation de ses vins sur sol vaudois 😉